Reconstructing Women International x Africomed voyage à l’hôpital communautaire de Bwindi, Ouganda, du 4 au 9 octobre 2024

Chirurgiens plasticiens : Marie-Christine Gailloud-Matthieu et Dr. Marina Barandun

L’Ouganda est un pays enclavé du centre-est de l’Afrique. Il est peuplé de dizaines de groupes ethniques. La religion prédominante est le christianisme. Près de 80 % de la population a moins de 30 ans et près de 50 % a moins de 18 ans. Malgré des terres très fertiles, un climat favorable, la stabilité politique et la croissance économique de ces dernières années, l’Ouganda reste un pays en voie de développement. En apparence, les femmes semblent avoir les mêmes droits et possibilités que les hommes. De nombreux projets concernant l’autonomisation des femmes existent dans tout le pays. Cependant, en y regardant de plus près, les relations très traditionnelles entre les hommes et les femmes deviennent évidentes ;Dans les zones rurales, on voit souvent les femmes et les enfants effectuer les travaux agricoles les plus durs, des histoires de violence domestique circulent, parfois sous le manteau, parfois ouvertement. Il existe même des « camps »de désintoxication pour les hommes alcooliques et/ou violents.

Paysage typique du sud-ouest de l’Ouganda
Femmes et enfants au travail
Autonomisation par le travail – « Ride 4 a woman », organisation à but non lucratif

Reconstructing Women International a été invitée par Africomed à se joindre à eux pour un voyage à l’hôpital communautaire de Bwindi (BCH) dans le sud-ouest de l’Ouganda, afin d’évaluer les besoins et les possibilités d’un camp de chirurgie reconstructive axé sur les femmes et les enfants dans le sud-ouest du pays.

Africomed est une petite organisation à but non lucratif basée à Fribourg, en Suisse. Elle a été fondée en 2007 par le Dr Forat Sadry, une radiologue suisse qui, depuis, se rend en Ouganda plusieurs fois par an pour organiser des camps humanitaires à l’hôpital communautaire de Bwindi, avec l’aide d’une équipe de chirurgiens orthopédiques et viscéraux ainsi que des gynécologues et des urologues.  Africomed participe au développement de l’hôpital communautaire de Bwindi depuis 17 ans, non seulement en organisant des camps humanitaires, mais aussi en créant de nouveaux services tels que le service de radiologie, en introduisant l’anesthésie générale à l’hôpital, en fournissant des équipements aussi importants que la radiographie et en contribuant récemment à l’indépendance de l’énergie électrique en parrainant une centrale électrique.

Hôpital communautaire de Bwindi – hall d’entrée

Le BCH a été fondé en 2003 dans le village de Buhoma par le Dr Scott Kellermann, un médecin américain spécialisé en médecine générale et tropicale. Tout a commencé avec une petite tente sous un arbre. L’objectif initial était de fournir des soins de santé au peuple indigène du sud-ouest de l’Ouganda, les pygmées, qui avaient été déplacés de la forêt impénétrable de Bwindi lorsque cette région a été déclarée parc national et site du patrimoine mondial de l’UNESCO pour la préservation des gorilles de montagne.I l s’agit d’un hôpital communautaire privé à but non lucratif, dans une région reculée du sud-ouest de l’Ouganda d’environ 120 000 personnes, et à la porte d’entrée du parc national de la foret Impénétrable. Les habitants de cette région sont parmi les plus pauvres du pays et vivent dans un contraste frappant avec les nombreux lodges de safari luxueux qui hébergent les touristes pour les trekkings très prisés de gorilles.

Grâce à la persistance de Scott Kellermann et Forat Sadry, mais aussi à de nombreux membres du personnel local, le BCH est aujourd’hui un centre de santé régional multidisciplinaire d’une capacité de 155 lits et offrant des services de santé supplémentaires à la population par le biais de cliniques satellites dans les villages. Il dispose d’une école d’infirmières associée qui accueille 400 étudiants par an, ce qui garantit à l’hôpital un personnel soignant bien formé au fil des ans.

Le Dr Scott Kellermann (devant à droite), le Dr Forat Sadry (devant à gauche) et l’équipe d’Africomed (Samuel Grenier, Dr Ines Raabe et Dr Véronique Erard) discutent avec le Dr Marie-Christine Gailloud-Matthieu.

Les docteurs Marie-Christine Gailloud-Matthieu et Marina Barandun, chirurgiens plasticiens basés en Suisse, sont arrivés dans le village de Buhoma le 4 octobre 2024, tard dans la nuit, après un voyage éprouvant mais passionnant de 12 heures depuis l’aéroport d’Entebbe. Les jours suivants ont été consacrés à la prise de contact avec le personnel administratif et médical responsable de BCH et à faire connaissance avec l’infrastructure, l’organisation et l’environnement de l’hôpital. Nous avons également pu suivre l’équipe d’Africomed qui était présente pour un camp orthopédique de deux semaines.

Dans l’ensemble, nous avons été impressionnés par la qualité de l’organisation de la plupart des services, par la qualité de la formation du personnel et par à quel point ils sont dévoués à fournir des soins de santé professionnels aux patients compte tenu des conditions.

Le Dr Daniel Izimba, chirurgien général, et le Dr Asaph Owamukamaeli, chirurgien orthopédique, sont tous deux employés en permanence par l’hôpital et fournissent des services chirurgicaux de bon niveau. Cependant, les cas complexes, y compris les reconstructions complexes de tissus mous et les brûlures complexes, doivent être adressés à un centre de soins à Mbarara, qui se trouve à 4,5 heures de route. Nous avons eu la chance de travailler avec le Dr Izimba sur deux cas : une brûlure du haut du corps chez un enfant de deux ans et une contracture cicatricielle du coude après brûlure chez une femme. Il nous est devenu évident que les connaissances et les compétences de base en matière de chirurgie reconstructive sont présentes, mais qu’une formation plus poussée serait la bienvenue pour assurer une meilleure qualité de vie aux patients.

Dr. Marie-Christine Gailloud-Matthieu en train d’enseigner
Patient avec sa mère après l’opération

Outre toutes les impressions positives que nous avons recueillies, nous nous sommes rendu compte que, bien que les services chirurgicaux soient d’un bon niveau, l’anesthésie est très problématique, Les anesthésistes sont très rares dans tout le pays et demandent donc des salaires élevés qui, à ce stade, ne peuvent pas être payés par le BCH. Les services d’anesthésie sont actuellement assurés par paramédicaux insuffisamment formés. Pendant les camps, un anesthésiste allemand arrive par avion et se porte volontaire, ce qui est un grand soulagement pour les chirurgiens étrangers. Cependant, un anesthésiste local basé en permanence à BCH est certainement l’un des postes les plus urgents à pourvoir.

Dr Marina Barandun et Dr Marie-Christine Gailloud-Matthieu avec le personnel du bloc opératoire de BCH

Pour compléter notre visite, nous avons eu diverses rencontres avec les autorités de l’hôpital, les chirurgiens, l’infirmière en chef du bloc opératoire, l’infirmière en chef du service et le fondateur de BCH, le Dr Scott Kellermann. Tout le monde est d’accord pour dire qu’il y a une forte demande pour des camps de reconstruction axés sur le traitement des femmes et des enfants de la région – non seulement pour les soins directs aux patients mais aussi pour la formation des chirurgiens et du personnel locaux.

Nous avons quitté l’Ouganda pleins d’impressions et nous essaierons de revenir dans un an pour un camp de chirurgie reconstructive de l’ITR à l’hôpital communautaire de Bwindi.

Dr. Marina Barandun, 19 octobre 2024